Devenir son propre patron ? Mythes et réalités du nouveau travail autonome
Publié en 2001 par Écosociété — ce titre est épuisé.
Au début des années 1990, le Québec s’enfonce dans la plus sévère récession économique depuis les années 1930. Dans ce contexte de panique, un mode de vie longtemps marginal refait surface : le travail autonome.
Tout un discours encourage l’engouement pour le travail en solo. Nous vivrons bientôt dans une société « désalarisée » constituée d’« entreprises individuelles » ambitieuses et compétitives, prédisent des universitaires, des spécialistes de l’entrepreneurship, les ministères à vocation économique et le milieu des affaires. Les travailleurs autonomes, qui « créent leur propre emploi », seraient plus « responsables », « créatifs » et « productifs » que les salariés. Une évolution « naturelle », synonyme de « liberté ».
Le travail autonome est parfois une stratégie de choix pour une personne. Toutefois, il est impossible de résoudre des problèmes collectifs comme le chômage et la pauvreté à l’aide d’une solution individuelle. La renaissance de ce phénomène n’est pas due à une soudaine passion de tout un peuple pour l’entrepreneurship, mais plutôt à des régressions, surtout la déresponsabilisation des employeurs envers la main-d’œuvre.
Après une décennie, le phénomène montre son vrai visage : une réaction de survie face à la pénurie d’emplois de qualité. La pauvreté, la dépendance et une faible protection sociale affligent la majorité des autonomes, qui n’ont souvent pas choisi ce statut. Simples pions sur l’échiquier du néolibéralisme, nombre d’entre eux forment une réserve de main-d’œuvre bon marché. « Devenez votre propre patron », qu’ils disaient…